Guinée- Hommage : Moctar Bah, Correspondant de RFI, raconte une scène de courage de Ghislaine…

5 novembre 2013

Guinée- Hommage : Moctar Bah, Correspondant de RFI, raconte une scène de courage de Ghislaine…

RFI rend hommage à Ghislaine et Claude
RFI rend hommage à Ghislaine et Claude

Samedi dernier, tout le monde entier, principalement celui de la presse, a ressenti comme une secousse, la nouvelle qui a annoncé l’assassinat de nos confrères de la  « radio mondiale »,  RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon m’a laissé pantois.Personnellement, c’est sur Twitter que j’ai appris la nouvelle, en réalité celle du kidnapping de Ghislaine et de Claude. J’ai cru un instant que c’est encore parti pour une, deux semaines, des mois ou des années de détention pour Ghislaine Dupont et Claude Verlon, aussi. Oui, puisque tout simplement, quelques jours avant, l’on avait assisté depuis Niger, à la libération de quatre  otages français, détenus depuis trois ans.

J’ai cru que le même sort allait être réservé également à nos confrères, si courageux de fouler le sol de Kidal, cette ville jugée dangereuse, en dépit du coup de balai de Serval…La vie des « Envoyés spéciaux » de RFI a ainsi  basculé ainsi en quelques minutes. La découverte de leurs corps, sans vie, m’a également été annoncée par les réseaux sociaux, sans que je ne quitte mon siège. Sacrés assassins !

Le journal parlé de la Radio Télévision Guinéenne ( RTG), samedi à 19 heures 45, est l’une des premières  éditions d’informations à ressentir ce coup fait à la liberté de presse. L’élément sur la mort de ces vaillants reporters a suivi illico celui du Président de la République, Pr Alpha Condé, alors en pérégrinations  du côté d’Abu Dhabi au  » compte des travaux préparatoires » d’une conférence économique sur la Guinée prévue du 24 au 25 novembre prochains.

A travers ces quelques minutes du JP de la RTG, Conakry retenait son souffle. Le petit monde de la presse, aussi. Dans les radios privées, sur les réseaux sociaux, les hommes de médias ont condamné cet acte ignoble.

Le Correspondant RFI / AFP à CONAKRY
Le Correspondant RFI / AFP à CONAKRY

Le témoignage du Correspondant local de RFI à Conakry, Moctar Bah, pardon d’El Hadj Moctar Bah est poignant. Ce lundi 5 Octobre, face aux confrères mobilisés à la Maison de la presse de Conakry, il se souvient du  » courage » que certains pourraient qualifier de suicidaire de feue Ghislaie Dupont.

    ‘’ Elle était une journaliste des dossiers, de grands dossiers, des analyses, de grosses analyses. Cette dame est venue en Guinée en 2008 quand à l’époque Claude Pivi s’était autoproclamé porte-parole de l’Armée lors d’une révolte militaire contre le régime du feu général Lansana Conté au Camp Alpha Yaya Diallo. A la recherche de l’information, Ghislaine m’a demandé de l’accompagner au Camp Alpha Yaya pour rencontrer Claude PIVI. Je lui ai fait comprendre que le moment était dangereux pour faire tel travail. Mais elle a insisté. Elle voulait  rencontrer ce Pivi. Soudain, elle a pris seule un taxi pour se rendre au camp Alpha yaya , et arrivée au camp, elle a éteint son téléphone.

Pris de peur, j’ai appelé son numéro pendant plus de 2 heures, elle ne répondait pas. J’ai tout de suite pensé que c’était fini pour elle. Mais au bout de 4 heures, elle m’a rejoint à l’hôtel tout en me disant que Pivi l’a bien reçue et que ce dernier est gentil, humain, extraordinaire. C’est après la diffusion de cette première interview de PIVI par Ghislaine que les journalistes guinéens ont commencé à demander l’audience au Camp Alpha Yaya. Quel courage! » a-t-il confié aux médias.

El Hadj Bah, puisqu’il revient de tout droit de la Mecque, se rappelle également du technicien Verlon.

‘’ J’ai serré sa main dans les couloirs de la RFI à Paris. Il est venu ici à Conakry en 2007 à l’occasion de la découverte RFI. Je l’ai vu au stade à l’occasion du concert de Tiken Jah FaKoly et autres. Mais en ce moment, on n’était pas familiers. Mais retenez que c’était un génie, un technicien talentueux à RFI. »

Le lâche assassinat de ces deux confrères par des islamistes qui se trompent d’adversaires, a marqué la presse guinéenne. Outre des communiqués publiés à cet effet, condamnant cet acte infâme, par des associations de presse, des voix s’élèvent pour l’organisation d’une  » marche silencieuse » pour rendre un vibrant hommage aux disparus.

Partagez

Commentaires